Entretien avec Bruno Vanier, gérant du fonds GemChina chez Gemway Assets.
Votre fonds a été lancé quelques mois avant la crise de la Covid-19. Quels enseignements tirez-vous un an et demi plus tard ?
La Chine est la grande gagnante de la crise que nous traversons. Après un premier trimestre 2020 compliqué, l’investissement puis la consommation sont repartis. A ce premier constat, on peut ajouter la volonté des autorités chinoises de faire du renminbi une monnaie forte afin notamment d’acheter des matières premières à bon compte mais aussi d’augmenter le pouvoir d’achat des consommateurs locaux. On estime que la taille de la consommation privée chinoise devrait atteindre d’ici 2030 le même niveau que celui des Etats-Unis aujourd’hui (13 trillions de dollars). La contribution de la consommation privée au PIB chinois va augmenter et constituera le principal moteur de la croissance mondiale pour les années à venir.
Pour un investisseur, les intrusions des autorités politiques dans la conduite des affaires de sociétés privées ne constituent-elles pas une source de risque permanent ?
Le risque existe mais le Parti communiste chinois a néanmoins besoin d’entreprises privées dynamiques. Aussi lorsqu’il intervient, c’est toujours pour empêcher la constitution d’un monopole sur un marché. Ces interventions se révèlent donc plutôt bénéfiques puisqu’elles permettent l’émergence de plusieurs sociétés concurrentes dans un secteur d’activité. Ce qui représente autant de nouvelles opportunités d’investissement pour nous.
Que diriez-vous à ceux qui considèrent la Chine comme la simple partie du monde émergent ?
Aujourd’hui, il est possible d’acheter des actions chinoises à Shanghai, Shenzhen, Hong-Kong et New York. Le nombre de titres disponibles atteint les 4 000 ! La plupart d’entre eux font l’objet d’importants échanges quotidiens. Songez, par exemple, que les volumes boursiers sur l’action Alibaba représentent, selon les jours, cinq à dix fois le volume traité sur l’ensemble des bourses africaines. Plutôt que la simple partie du monde émergent, la Chine constitue une classe d’actifs à elle seule.